COMPAGNIE DES ARCHERS DE PIETRAMAL

Sommaire

LE KYUDO

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Kyu-do signifie : Voie (do) de l'Arc (kyu).

la Voie de l’Arc ou pratique du Tir à l’Arc japonais traditionnel

Le Kyudo est considéré au Japon comme l'un des Budo les plus purs. Cet art martial très ancien, dont les origines se perdent entre mythologie et légende, est aujourd'hui pratiqué par quelques 200 personnes en France, licenciées à la Fédération Française de Kyudo Traditionnel.
Le Kyudo est une Voie de développement physique, moral et spirituel, de réalisation de Soi.
Le Kyudo, comme tout art martial japonais, est un héritage des Samouraïs. .Il se distingue cependant des autres arts plus connus (kendo, judo, karaté, aïkido, ...) par le fait qu’on n’y combat aucun adversaire extérieur.

Au Kyudo, on dit qu'il s'agit " d'atteindre la cible intérieure "car l’objectif n’est pas la victoire obtenue sur l’autre, mais bien la victoire permanente sur soi-même :

« Il ne s'agit pas de viser une cible extérieure, mais l'archer et la cible sont unis, on intègre la cible à soi-même. Il faut oublier l'arc qui tire, oublier soi-même, ne faire qu'un avec l'arc et la cible, tendre vers l'infini sans en connaître le point d'aboutissement... » disait Anzawa Sensei, grand maître de Kyudo au Japon, mort en 1970.


L'histoire de l'arc est intimement liée à l'humanité. À son origine, l’arc est une arme de chasse ou de guerre dont la fonction est de tuer. Ainsi, dès que l’archer encoche sa flèche avec l'intention de tirer, il rejoue le drame permanent de la vie et de la mort, de sa vie et de sa mort. Un Maître de Kyudo a dit un jour : « Votre première flèche doit atteindre la cible comme pour tuer un ennemi car si vous le manquez, lui peut vous tuer ». Cette image rappelle à l'archer qu'il doit mettre toute son âme dans chaque flèche, comme si c'était sa dernière : « Une flèche, une vie ». Fortement pénétré de cette évidence, le tir à l’arc au Japon ne s’est pas limité à la fonction utilitaire de tuer mais a été investi d’une dimension symbolique et spirituelle.

Au Kyudo, on apprend à utiliser son énergie de manière équilibrée en la répartissant dans tout le corps, et à n'utiliser que la force nécessaire à l'accomplissement de la tâche que l'on veut effectuer, ni plus, ni moins. Le processus d'apprentissage est long et difficile. L'entraînement doit toujours être axé autour de ces six éléments : la vérité, la bonté, la beauté, l'équilibre, l'humilité, la persévérance.

Pour le pratiquant de Kyudo, l’arc et les flèches sont des objets de vénération (Tempyo), investis de spiritualité et utilisés avec respect. Le Kyudo n’est pas une question de force physique, et est accessible à toutes et à tous, quel que soit l’âge ou la condition physique

 

L'influence philosophique très forte du zen, adopté il y a plusieurs siècles par les samouraïs comme méthode d'entraînement moral, permet aujourd'hui aux pratiquants modernes du Kyudo de mieux se comprendre et de mieux comprendre le monde autour d'eux.

L’ARC : YUMI


L’arc japonais est très particulier et n’a d’équivalent dans aucun pays du monde.Dans les temps anciens, il était d'un seul morceau taillé dans la partie la plus solide du tronc du zelkova (Tsuki ou Keyaki) ou du catalpa (Azusa). À partir du Moyen Âge, il sera construit selon la méthode du lamellé-collé avec du bambou en forme à double courbure (recurve). L'arc qui nous intéresse dans le Kyudo est le long arc qui mesure autour de 2,20 m, très grand, donc, il ne requiert aucun autre équipement.. Sa poignée est placée de façon asymétrique au tiers inférieur de l’arc pour permettre de tirer à genou ou à cheval. Lors de la décoche de la flèche, il pivote dans la main gauche de l’archer, si bien que la corde vient toucher l’extérieur de son avant-bras. A noter que tous les pratiquants, droitiers ou gauchers, tiennent l’arc de la main gauche afin de rester toujours en face des juges qui se trouvent devant le Tokonoma (sorte d'autel). Autre particularité : la flèche se pose sur le côté droit de l'arc, à l’inverse de ce qui se fait dans le tir à l’arc occidental. Cet arc, moins fonctionnel qu’un arc court, est pourtant conservé par les archers, car ses défauts sont largement compensés par ses matériaux naturels, la simplicité de sa forme presque primitive, son élégance et sa beauté.



Les arcs existent en bambou ou en matières synthétiques. Le bambou est évidemment le matériau le plus noble pour la pratique du Kyudo, et pas seulement pour des raisons esthétiques : la nature même du Kyudo appelle un matériau naturel. Mais l’arc en bambou est délicat, sensible et fragile, presque vivant. Il ne supporte pas la négligence et demande un soin de tous les instants, ainsi qu’une technique de tir sans défaut, pour qu’il ne se déforme pas. Le pratiquant doit le retravailler en fonction de l’humidité ou de la sécheresse de l’air.
Les débutants sont donc plutôt amenés à commencer la pratique du Kyudo avec un arc en fibre de verre ou en fibre de carbone.

La taille de l’arc est adaptée à la taille de l’archer, et commme en occidant, li existes des arcs de différentes puissances qui varient en fonction de la force de l’archer, allant en général de 10 à 25 kg.

Taille de l’archer Nom de l'arc Longueur
recommandée

Moins de 1,50 m
Sansun-tsumari 2,12 m
Entre 1,50 m et 1,65 m Namisun 2,21 m
Entre 1,65 m et 1,80 m
Nisun-nobi
2,27 m

Entre 1,80 m et 1,95 m

Yonsun-nobi
2,33 m

Entre 1,95 m et 2,05 m
Rokusan-nobi 2,39 m
Plus de 2,05 m
Hassun-nobi
2,45 m

 

LES FLECHES : YA


Les flèches peuvent être en bambou, en aluminium ou en fibre de carbone; le choix du matériau se fait surtout en fonction du prix, car il n’y a pas vraiment de problème d’entretien pour les flèches en bambou. Il suffit de les frotter régulièrement avec un chiffon imprégné d’huile d’amande douce.
Les flèches pour le tir à la Makiwara sont souvent dépourvues d’empennage, et la pointe, toujours en métal, en est conique. Les flèches pour le tir à la cible (Mato) ont une pointe en métal, plus fine, à la forme peu aérodynamique, mais qui amplifie le son de l'impact quand elle perce la cible.
Le Hazu, à l’autre extrémité de la flèche, est une petite pièce en corne ou en plastique, qui comporte l’encoche.
Il existe une très grande variété de plumes pour l’empennage des flèches destinées au tir à la Mato. La qualité, et donc le prix, varient énormément, des plus simples (dinde),aux plus luxueuses (aigle noir, faucon). Elles demandent un léger entretien : il faut les remettre en forme régulièrement, à la main ou à la vapeur.

L’épaisseur du fût des flèches varie en fonction de la puissance de l’arc. Quant à la longueur des flèches, elle se détermine en fonction de la taille de l’archer. Elle est égale à la longueur entre le milieu du cou et l’extrémité du bras gauche tendu (Yazuka), longueur à laquelle on rajoute 5-6 cm, pour la sécurité du tir (jusqu'à 10 cm pour un débutant).

Haya et Otoya
Au Kyudo , on tire deux flèches à la suite. La première s’appelle Haya, la seconde Otoya. On les reconnaît l’une de l’autre par le sens de l’incurvation des plumes. Haya est incurvée dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, et tournera, lors du tir, dans le sens des aiguilles d’une montre. Otoya est incurvée dans le sens des aiguilles d’une montre, et tournera dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Quand on regarde les flêches de derrière (dans l'axe du fût), on voit le sens d’incurvation des plumes.


Quand on regarde les flèches de profil (Hazu à droite), on voit la partie collée sur le fût : sur le dessus pour Haya, sur le dessous pour Otoya.

LA CORDE : TSURU

« La corde compose la partie essentielle de l’arc. Elle représente l’axe du monde autour duquel tout gravite ; le point d’encoche de la flèche est le centre du monde manifeste. La légende veut que l’arc n’ait pas été inventé par l’homme, mais soit un don de Dieu ; elle ajoute que l’arc se conçoit à partir de la corde, et non le contraire. » (Michel Martin)

Waraji

Là aussi, les matériaux naturels coexistent avec les fibres synthétiques. Les meilleures cordes sont celles en chanvre naturel, bien que plus fragiles, moins résistantes. Elles permettent un lâcher plus doux, avec un Tsurune plus délicat (son que fait la corde au moment du lâcher en venant frapper l'arc).
Les cordes en fibres synthétiques ou mélangées sont plus solides. L’épaisseur de la corde est fonction de la puissance de l’arc.
Les cordes naturelles ou mélangées demandent un entretien régulier, de façon à en prolonger la durée de vie. Elles doivent être enduites d’une résine de pin (Kusune), puis frottées avec un Waraji, de façon à bien répartir le Kusune et en imprégner les fibres de la corde.
L’archer doit toujours avoir près de lui une seconde corde, préparée, enroulée sur un Tsurumaki. Ainsi, si sa corde casse au cours d’un Sharei, elle peut être remplacée sans en gêner le déroulement.

Nakajikake


Le Nakajikake est la partie renforcée de la corde à l’endroit où la flèche est encochée. Il se prépare en enroulant la corde avec de la filasse, sur une hauteur d’environ 9cm. Il peut se préparer avec de la colle blanche ou du Kusune, puis on le presse fortement à l’aide d’un Doho, outil formé de deux morceaux de bois.

LE GANT : GAKE

La main droite, qui tient la corde, est protégée par un épais gant de cuir, aujourd'hui encore fait artisanalement avec du cuir de cerf, très renforcé au niveau du pouce et du poignet.
Il existe trois sortes de gants (à trois, quatre ou cinq doigts) ; le plus utilisé est le Mitsugake, gant à trois doigts.

L'archer doit toujours être agenouillé en Seiza, lorsqu'il met son gant.

Le cuir étant une matière vivante, le gant doit être entretenu avec soin. En particulier, il ne faut jamais ranger un gant humide, ou avec un sous-gant humide à l’intérieur. Le gant se range dans un étui en tissu, qui permet au cuir de respirer. Pour ne pas l’abîmer prématurément, il faut éviter l’excès de Giriko, cette poudre que l’on met sur le pouce et le majeur pour empêcher les doigts de glisser.

LA TENUE


La tenue de pratique est composée des éléments suivants :
Le Keikogi, haut blanc.
Le Hakama, une jupe-pantalon longue ; noir pour les hommes, noir ou bleu marine pour les femmes, il est légèrement différent selon les sexes (ceinture montante à l'arrière pour les hommes).
Le Obi, ceinture épaisse qui se place sur le Keikogi mais sous le Hakama.


Les femmes portent un Muneate (protège-poitrine), blanc, noir ou transparent, en plastique ou en cuir.
Les Zoris, sandales japonaises, sont utilisées pour se déplacer en dehors du dojo.
Les Tabis sont une sorte de chaussettes blanches, au pouce séparé.

A partir du 4e dan, les pratiquants doivent porter le kimono, dont les couleurs délicates et variées apportent une beauté certaine aux tirs de cérémonie.



LE DOJO

 

Le Dojo d'Osaka

 

Un dojo, ou kyudojo, est le lieu où l’on pratique la Voie de l’Arc. Au Japon, la pratique se fait le plus souvent dans des dojos traditionnels en bois, mais en Europe, il est assez rare de pouvoir bénéficier de tels lieux. Si certains pratiquants passionnés ont fait construire de beaux dojos traditionnels, ce sont le plus souvent des gymnases municipaux qui accueillent les pratiquants. Mais quel que soit le cadre, ce qui est commun à tous les dojos, c’est l’atmosphère de concentration, de silence et de calme qui y règne, c’est l’étiquette, la rigueur et la discipline qui gouvernent les actes des pratiquants.

PLAN D’UN DOJO

Le plan visible ici représente un dojo traditionnel ; le même arrangement est reproduit dans un simple gymnase, par un marquage au sol et avec des pièces de bois. Un kyudojo traditionnel est composé d’une salle de tir abritée, le Shajo, d’une « maison des cibles » ou Matoba, abritée également et située à 28 mètres de la ligne de tir. Ces deux parties sont séparées par un espace ouvert de pelouse ou de graviers ratissés, sur le côté duquel est aménagé le Yatori Michi, ou chemin pour aller chercher les flèches.

 

LE SHAJO

Shaï
Honza


Le Shajo est la salle de tir où se tiennent les archers et les Sensei. Sur le côté droit du Shajo (lorsqu’on regarde les cibles), se trouve le Kamiza, espace réservé aux tables des Sensei et à une sorte de petit autel, le Tokonoma. On y trouve souvent une calligraphie reproduisant une citation liée au Kyudo, une photo d’un Sensei japonais décédé et une composition florale.
Les lignes de tir, Shaï, et de départ, Honza, sont repérées par des pièces de bois situées à l’extrême droite, au sol. D’autres pièces de bois peuvent matérialiser l’entrée et la sortie du Shajo.

LES CIBLES

Il y a au Kyudo deux types de cibles, la Makiwara et la Mato.

La Makiwara
Lla Mato


La Makiwara est une botte de paille solidement liée, posée sur un support à hauteur du visage de l’archer. C’est la cible avec laquelle on débute au Kyudo, avant de pouvoir tirer à la Mato, mais c’est aussi la cible idéale pour le perfectionnement. L’archer se tient à environ deux mètres et s’entraîne à la précision et à la justesse de ses gestes. Ce type d’entraînement permet de ne pas être troublé par le souci d’être performant en terme de but à atteindre. Il est donc plus aisé de se concentrer sur la perception de sa forme et de ses gestes devant une Makiwara.


La Mato est un cercle de bois recouvert de papier. La plus commune est celle de 36 cm de diamètre (à peu près la largeur de bassin d’un archer), et est utilisée pour le tir à 28 mètres, le tir le plus courant (Kintekei). Les Mato sont disposées sur l’Azuchi, butte de sable à l’abri de la Matoba. Dans un gymnase, on reconstitue artificiellement l’Azuchi grâce à des plaques d’un matériau particulier.


Les Mato sont séparées de 1,80 m (de centre à centre) ; elles sont fixées à environ un poing (10 cm) au-dessus du sol (le centre est ainsi à 27 cm du niveau du sol), et inclinées d’environ 5°.
Il existe aussi une cible plus grande, de 1,50 m de diamètre, utilisée pour le tir à longue distance (tir Enteki, généralement 60 mètres)

Et il existe encore une toute petite cible de 9 cm de diamètre, utilisée pour des occasions spéciales, plus festives. Elle peut être dorée ou argentée, et celui qui la touche l’emporte.

AUTRE MATÉRIEL
Un dojo est un lieu sobre et raffiné, où l’on trouve en fait peu d’équipement. En dehors des supports d’arcs (Yumitate) et des porte-flèches (Yatate), on peut trouver des miroirs, très utiles aux archers pour voir et corriger d’eux-mêmes leur position lorsqu'ils s'entraînent à la Makiwara.

Une technique spéciale de tir


Le tir avec un tel arc exige une technique spéciale qui rend hommage aux qualités de l’arc. L’archer, qu’il soit droitier ou gaucher, tient toujours l’arc de la main gauche. Il ouvre l’arc au-dessus de sa tête et amène sa main droite qui tire la corde au-dessus de son épaule droite. À cet instant, il est dans l’arc. La courbe de l’arc au-dessous de la poignée est considérée comme masculine, dynamique et puissante, et la courbe au-dessus est dite féminine, empreinte de délicatesse et de réceptivité. L’archer exprime cet équilibre universel des contraires pour ouvrir avec élégance, dignité et sérénité un tel arc. « Lorsque l’équilibre dynamique de l’arc se confond avec celui du corps de l’archer, au moment où l’arc et la flèche sont tendus, une figure circulaire d’une grande beauté se forme »

La pratique du Kyudo est sans fin ; la récompense n'est pas d'atteindre à la perfection, mais de la poursuivre sans relâche. Il faut d'abord apprendre les bonnes techniques de façon à pratiquer correctement. Et ensuite, il faut passer sa vie à essayer de rendre son tir pur.

Pour conclure :

Le Kyudo (la Voie de l'Arc) est une opportunité unique de rencontrer l'essence des arts martiaux japonais .

Cette pratique du tir à l'arc traditionnel japonais est accessible à tous, quels que soient la constitution, l'âge ou le sexe. Ce qu’on cultive vraiment dans le Kyudo, c’est la personnalité, les qualités humaines, la force de caractère, la connaissance de soi, le respect des autres..

Le ‘tir parfait’ du Kyudo ne dépend pas de la force, ni même de l’adresse. Il est le résultat d’une pratique sincère qui aura permis d’apprendre à réaliser le geste juste, basé sur une posture corporelle correcte, une respiration équilibrée, et une attitude mentale harmonieuse.

Les fruits de cette pratique ne se révèlent pas seulement sur le pas de tir, mais se récoltent aussi dans la vie de tous les jours.
Elle contribue ainsi à acquérir un bon maintien corporel trop souvent compromis par la vie sédentaire.


En France, la première association pour le développement du Kyudo (ATK) est créée en 1972 sous la responsabilité de Michel Martin. Son groupe et celui de Jacques Normand se rassemblent au sein de la Fédération française de Kyudo traditionnel (FFKT) en février 1978. C’est une association régie par la loi 1901. Elle est la seule fédération reconnue par l’ANKF.
Elle regroupe les 23 clubs existants actuellement en France.


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